Grand Raid : le récit de Greg en exclusivité

Grand Raid de la Réunion : Greg rejoint Richard au panthéon des Lents ;
Mais on n’oublie pas Sylvie et sa très belle course des Mascareignes
Récit
Le Grand Raid de la Réunion, la Diag, la Diagonale des fous peu importe le nom un mythe qui fait peur, qui attire, qu’on regarde du coin de l’œil en se disant un jour peut-être sans vraiment y croire.
Puis après des années de pratique, après avoir grimpé les marches une à une, on se dit c’est le moment de faire cette folie, d’aller découvrir cette magnifique île, sa population adorable et ces sentiers ultra exigeants.
En ultra rien n’est jamais gagné il faut en avoir conscience et faire preuve de patience lorsque le corps nous dira stop.
Cette année l’édition est historique avec la plus longue Diag de l’histoire (175km 10150D+ annoncé) et le retour de l’ascension du Maïdo depuis la passerelle d’Oussy (1800D+ au 110eme km).
Côté logistique, une arrivée mardi matin pour un départ de la Diag jeudi 22h00.
Une épreuve avant l’épreuve: la veille du départ il faut récupérer son dossard sur St Denis. Nous savons que l’attente sera longue mais pas le choix et c’est un moment fort souhaité par l’organisation. Il y a énormément de monde, l’ambiance est festive mais on voit en même temps l’appréhension des participants avant d’aller se jeter dans la gueule du lion.
Personnellement je n’ai jamais eu autant de doutes avant un départ. L’impression de monter sur le ring face à Mike Tyson en se disant : « tu ne serais pas en train de faire une grosse connerie ? »
Mais en même temps une folle envie de me jeter à l’eau est là, les dernières heures sont interminables, heureusement ma chérie sait trouver les mots pour me mettre en confiance.
Bon voilà le moment d’aller au départ où je retrouve dans le sas Richard un guerrier qui avait déjà affronté avec succès la Diag il y a 1 an, c’est cool de ne pas être seul. Puis vient le moment de l’hymne du départ:
L’émotion monte, les larmes montent aux yeux, c’est partie la quête du Graal est lancée.
L’ambiance à St Pierre est folle, sur des kilomètres la foule est présente pour nous acclamer, on ne m’avait pas menti, l’île va vibrer plusieurs jours autour du Grand Raid.
Après quelques km roulants on rentre dans le vif du sujet, avec des sentiers techniques où il faut rester concentré car à chaque appui on peut se vriller la cheville.
Nos chemins se séparent avec Richard avant le 2ème ravito où, très fatigué, il dormira pour repartir dans de meilleures conditions, une très bonne décision.
Arrive l’ascension vers Nez de bœuf c’est surréaliste, il faut grimper voire escalader des rochers où ruisselle de l’eau marron, puis arrive Mare à boue dont on comprend vite le nom du quartier.
Une chose est sûre on aura tous la peau bien douce !!! C’est détrempé de toute part quel chantier !
Nous montons ensuite pour sortir de Mare à boue et rentrer dans le Cirque de Cilaos, en haut je capte un magnifique point de vue, ce sera le seul de la journée de vendredi, le ciel se couvre rapidement pour ne plus nous permettre aucun panorama… dommage.
J »arrive sur Cilaos la 1ere base vie après 75km_3700D+ et environ 15h de course, je peux voir Sandrine pour la première fois, quelle joie. Elle est au top pour me soutenir! Je passe une bonne heure ici avant de repartir après avoir vu les podologues pour quelques ampoules.
La 2ème nuit arrive avec un petit cadeau du ciel, 3h de pluie rendant l’évolution encore plus rude, à croire qu’ils veulent qu’on n’oublie jamais cette édition, ben c’est réussi!
Arrivée dans Mafate à Marla en pleine nuit sous des trombes d’eau, la psychose s’installe chez de nombreux coureurs: faut-il repartir dans ces conditions ? Risquons nous l’hypothermie? … Le doute s’installe en moi.
Certains s’enroulent leur couverture de survie à même le corps avant de remettre leur T-Shirt + veste de pluie pour repartir.
J’appelle Sandrine je suis perdu. Je lui fais part de la situation, ça me fait du bien. Je décide de repartir avec la couverture de survie dans la poche de ma veste au cas où car je ne pense pas que ce soit utile de la mettre de suite, assez rapidement nous attaquerons une belle côte qui devrait bien nous réchauffer.
Par chance, bonne décision d’autant plus que la pluie finit par s’arrêter et ceux qui s’étaient enrubannés dans leur couverture ont beaucoup trop chaud et doivent la retirer au début de la côte.
Cet épisode passé les km et le D+ continuent de grimper au compteur.
J’arrive Plaine des merles, épuisé j’essaie de dormir 30 min mais sans succès, je recommence cette tentative sur Aurère mais idem je n’arrive pas à m’endormir je continue de me diriger vers une des difficultés majeures du parcours avec l’ascension du Maïdo qui me permettra de ressortir de Mafate (traversée intégralement de nuit).
Sur la fin de ma 2ème nuit blanche, je démarre cette ascension du Maîdo, la montée est éreintante et surtout interminable. Nous entendons assez rapidement le fan club au sommet malgré qu’il soit 3h00 du mat’, les réunionnais sont FORMIDABLES.
Il me faudra plusieurs heures pour arriver là haut avec pour consolation un magnifique lever de soleil, un vrai don du ciel qui me fait vraiment du bien.
Je continue quelques centaines de mètres avant de tomber de fatigue, je trouve un coin d’herbe où je m’allonge il est 08h00 je mets un minuteur de 30 min à 08h01 je dors … à 8h30 le minuteur me réveille, ça m’a fait un bien fou.
Maintenant direction Ilet Savannah la 2eme base vie avec 17km de descente au menu et 1800D-, je sais que je retrouverai Sandrine en bas ça me booste.
La descente est longue mais je finis par arriver. Je vois Sandrine puis me rends chez les kinés pour me faire masser les quadris qui sont en feu. Reste 35 km au menu avec encore des sentiers bien cassants à traverser.
Je prends mon temps, me ravitaille avant de repartir avec Sandrine toujours au top qui m’accompagne sur quelques centaines de mètres avec son enceinte et de la musique motivante.
Je suis remonté à bloc, plus rien ne pourra m’empêcher d’atteindre la Redoute !
Faire l’assistance d’un coureur est assez ingrat, tu passes des heures sur les routes, à attendre à porter des sacs pour croiser ton coureur quelques minutes seulement avant de repartir au point suivant. Un immense MERCI à ma chérie
Il doit être autour de 13h samedi direction Chemin Ratinaud la chaleur est assommante je sue à grosse gouttes heureusement des points d’eau ont été rajoutés et les habitants proposent de nous arroser, une fois de plus ils sont formidables.
Sur la fin du parcours j’aurai la chance d’être soutenu en plus de ma p’tite femme par Sylvie, Mathilde, Alex et Philippe. Notamment sur Grande Chaloupe où il m’attendaient tous les 5 avec Patrick Montel pour m’accueillir pour une interview surprise.
Arrive la dernière ascension au Colorado sur la 3ème nuit, j’arrive au fond du trou, épuisé avec 30 min de sommeil depuis 46h environ. La montée était très compliquée sur de la glaise ultra glissante, de plus des coureurs angoissés par la dernière descente n’ont pas arrêté de nous faire part de leurs appréhensions.
Sylvie, Mathilde, Alex et Philippe me font la surprise d’être là Sandrine étant partie au stade de la redoute pour être sûr de ne pas me louper à l’arrivée.
Ils savent trouver les mots pour me mettre dans de bonnes conditions malgré mon état (fatigue, douleurs…) je leur dis que je vais dormir 15 min car mon corps ne veut/peut plus avancer.
Une bonne décision, je repars boosté à bloc pour cette dernière descente qui se fera beaucoup plus rapidement qu’espérée en binôme avec une traileuse du trail du bourbon.
Après 48h01 je franchis l’arrivée!
Quelle joie immense!
C’est fait, la Diag purée oui la Diag!!!!!
Au compteur 179km _ 10 280D+ / 10 200D-
J’en resterai là car c’est déjà bien long même si j’aurais encore bien plus à dire.
Mais avant la fin je tiens à remercier ma femme qui aura eu pour moi un soutien sans faille, mes enfants avec leur mots d’encouragements qui m’auront aidé à ne rien lâcher, ma famille et mes amis qui m’auront soutenu depuis la France avec des messages réguliers qui m’auront vraiment aidé (entre autre Didier, Sylvain, Patrice, Denis, Alain, Laurent, Seb, Isa, Fred, Gaby ….)
Sylvie, Mathilde, Alex (et ton doigt magique qui a cliqué sur la souris au moment parfait pour le package ) et Philippe qui auront été là pour m’encourager sur la fin du parcours bien au delà de mes espérances.
Richard, pour avoir ouvert la voie et avec qui j’ai pu prendre le départ.
Mon kiné Je Cours qui aura réussi me maintenir suffisamment en état pour accomplir ce rêve malgré quelques blessures sur la prépa avec toujours de bons conseils.
Mes partenaires sportifs avec qui des centaines voire milliers de km ont été partagés pour contribuer à ma progression et particulièrement les Lents Abraysiens ‍♂️ & Pascal Giry avec la team infosport sur le ‍♂️ & Patrice qui m’aura fait passer un énorme cap sur le biclou.
Et enfin un grand merci à mon coiffeur pour la coupe aéro qui me fait gagner au moins 1sec au kil
Bien sûr quelques photos pour illustrer ce trop long récit
A bientôt avec toujours quelques projets d’avance en tête et sachez que depuis cette arrivée j’assume encore plus ma folie sportive

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8 réponses à Grand Raid : le récit de Greg en exclusivité

  1. Patricia Ricard dit :

    Que te dire après un tel exploit, une course hors norme ???
    Bravo champion!!!!!
    Vous êtes parmi ces fous avec Richard qui l’ont terminé cette Diag
    Je n’oublie pas Sylvie qui réalise des défis extraordinaires
    Je vous admire
    Patou

  2. Elsa dit :

    Wouah quel récit incroyable ! Chaque mot est une émotion, tu nous fais vivre ton aventure hors-norme au travers ces quelques lignes palpitantes, émouvantes… j’en ai eu le souffle coupé ! On ne se connaît pas vraiment, on se croise lors des entraînements des Lents, sans vraiment jusqu’à maintenant avoir pris le temps d’échanger. Après cette lecture, je prends la mesure du guerrier sportif, du trailer déterminé au mental d’acier que tu es ! Je suis admirative ! Encore merci pour le partage de cette aventure et félicitations

  3. Jean RAYMOND dit :

    Quel beau compte-rendu.
    C’est tellement clair qu’on se demande si tu ne t’es pas arrêté pour prendre des notes 🙂
    On était confiant dans ta réussite mais bien sûr rien n’est acquis tant le challenge est élevé.
    Fier de toi, champion

    Jean

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