Mon premier marathon : Paris 2025
C’est en décembre que mon père m’annonce la grande nouvelle : nous allons participer ensemble au Marathon de Paris 2025. Ce sera son cinquième… et mon tout premier. Un mélange d’excitation et de doute m’envahit. D’un côté, j’étais déterminée à relever le défi, mais de l’autre, cela me paraissait complètement fou, presque irréel.
Les remarques autour de moi ne faisaient qu’alimenter ces doutes : « Tu es trop jeune pour courir un marathon », « Tu n’as pas assez d’expérience », « C’est risqué ». Mais depuis le début de l’année, je courais avec régularité, et je me suis convaincue qu’avec une bonne préparation, rigoureuse et sérieuse, ce rêve pouvait devenir réalité.
C’est dans cet état d’esprit que j’ai décidé de suivre scrupuleusement le plan d’entraînement que Véro nous avait préparé. Douze semaines de préparation en plein hiver, avec quatre sorties par semaine dès le mois de janvier. Ce ne fut pas toujours facile, mais la discipline m’a portée. J’ai tenu bon, sans faille ni blessure. Les longues sorties du week-end avec mon père ont été précieuses : elles nous ont permis de tester notre endurance, mais aussi notre stratégie d’alimentation pour le jour J.
À deux semaines du marathon, la pression commence à monter. La fatigue aussi. Je ressens les effets d’un léger surentraînement : jambes lourdes, douleurs persistantes, perte d’énergie. Alors j’ai pris la décision de lever le pied, de réduire drastiquement les sorties pour arriver le jour de la course avec des jambes fraîches. Et ça a payé.
Le jour J, dimanche 13 avril. Nous sommes sur la ligne de départ, avenue des Champs-Élysées, à 10h40. L’ambiance est magique. Avec papa, on est prêts, même si une partie de moi est encore dans le déni : je vais vraiment courir 42 kilomètres ? La plus longue distance que j’ai faite jusque-là, c’était 23 km… L’inconnu me fait peur. Comment mon corps va-t-il réagir au fameux « mur » du 30e kilomètre ? J’y pense, je m’y prépare.
On démarre prudemment, à notre rythme. Premier ravitaillement au 5e kilomètre… et là, on se perd ! Impossible de se retrouver dans la foule. Un peu de panique, forcément. Papa finit par me rattraper au 9e kilomètre, en sprintant — un effort qui lui coûtera cher : sa cheville et son pied le feront souffrir dès le 32e kilomètre.
Nous continuons ensemble, direction la place de la Nation, avec la première vraie côte, puis le bois de Vincennes. Nous atteignons le semi-marathon, puis les quais. On s’encourage, on ne lâche rien. On ne manque aucun ravitaillement, on s’hydrate régulièrement, et on prend nos gels toutes les 45 minutes pour retarder au maximum l’apparition du mur.
À partir du 28e kilomètre, la fatigue se fait sentir, mais je tiens bon. Papa, lui, souffre de plus en plus. Sa cheville l’empêche de maintenir notre allure. Au 32e kilomètre, il me dit de continuer seule. Ce fut un moment difficile. Je savais qu’on ne franchirait pas la ligne ensemble, et ça me serrait le cœur. Mais c’était aussi un nouveau défi : est-ce que j’allais réussir à finir seule, avec juste mon mental pour m’accompagner ?
Alors j’ai continué, seule, en me parlant à voix haute, en me répétant des phrases motivantes pour ne pas flancher. Arrivée dans le bois de Boulogne, les dernières côtes sont redoutables. C’est dur, très dur… mais je tiens. Et puis, la ligne d’arrivée se profile. L’émotion est immense. Je l’ai fait. J’ai réussi.
Il y a un an, je courais à peine mon premier 10 km. Aujourd’hui, j’ai terminé mon premier marathon. Mon chrono : 4h14. Mon objectif premier était de finir. J’espérais secrètement approcher les 4h, voire 3h59… mais j’ai choisi la prudence. Et je ne regrette rien.
Je me surprends déjà à penser à un deuxième marathon, peut-être l’an prochain…
Je ne remercierai jamais assez mon papa. C’est lui qui m’a transmis cette passion, qui a cru en moi dès le début, et qui m’a portée jusque-là. Sans lui, rien de tout ça n’aurait été possible. Je remercie également ma famille et amies qui m’ont soutenu jusqu’au bout et qui ont cru en moi.
Très beau récit, très émouvant. Bravo à toi d’avoir tenu bon ! Et bravo pour ce duo père -fille qui s’est surpassé dans la prépa et le jour J.
Tellement fière de toi et de tout ce que tu as accompli sur tes entrainements et sur ces 42,195 kilomètres (oui les 195 derniers mètres sont importants ). Tu as tenu bon jusqu’au bout.
Un duo incroyable, gros bisous les Bousssss 🙂